M. Khaï Dong LUONG
Soutiendra jeudi 10 avril 2025 à 9 h 30
Salle Auditorium de l’Atrium à l’Université de Montpellier Paul-Valéry, Route de Mende
une thèse de DOCTORAT
Discipline : Arts spécialité Musicologie
Titre de la thèse : Le cycle Dante Troubadour, penser et créer un événement de musique médiévale au présent : enjeux et performativités associables
Composition du jury :
- Mme Gisèle CLÉMENT, Professeure, Université de Montpellier Paul-Valéry, directrice de thèse
- Mme Alix DE MORANT WALLON, Maîtresse de conférences habilitée, Université de Montpellier Paul-Valéry
- Mme Corinne FRAYSSINET SAVY, Maîtresse de conférences habilitée, Université de Montpellier Paul-Valéry
- Mme Nathalie GAUTHARD, Professeure, Université d’Artois
- M. John HAINES, Professeur, Université de Toronto (Canada)
- M. Frank LANGLOIS, Professeur, CNSMD Lyon
Résumé de la thèse :
A contre-courant d’une musicologie du mouvement de la musique à l’ancienne qui procède à l’étude a posteriori d’artefacts musicaux (disque, film, concert, spectacle) ou de réalisations discursives (écrits ou à travers les médias), cette thèse en recherche-création interroge in situ une forme de pratique actuelle de musiques médiévales en prenant appui sur la création du cycle Dante Troubadour produit sur les trois saisons 2017-2020 par l’ensemble La Camera delle lacrime dont j’assure les fonctions de dramaturge et scénographe ainsi que la co-direction artistique avec le chanteur Bruno Bonhoure.
Qu’entend-on quand on écoute de la musique médiévale ? A quoi assiste-t-on quand on se rend à un concert « de musique médiévale » ? Depuis sa fondation en 2005, l’ensemble musical La Camera delle Lacrime a pour vocation la création de pratiques spectaculaires organisées à partir de sources patrimoniales du Moyen Âge, essentiellement des XIIe et XIIIe siècles, dans une optique qui n’est pas historicisante et qui prend acte de l’écart entre la source médiévale et sa manifestation sonore et visuelle lors du spectacle produit. Mon travail de conception, d’écriture dramatique et de scénographie s’articule autour de la re-définition de l’événement spectaculaire du concert « de musique médiévale » comme une manifestation incarnée issue d’une opération de transformation complexe d’une trace du passé, et non comme la représentation, au sens de l’image, de cette trace. Si on accepte cette hypothèse, cela ouvre un nouveau champ d’études musicologiques qui engagent une réflexion sur la trajectoire historique et ontologique de tels artefacts. Quels peuvent-être alors le sens et la raison d’être de tels objets ? Quels sont alors les véritables enjeux autour des concerts « de musique médiévale » ? Quelle performativité pouvons-nous attendre de ces événements ?
Pour répondre à ces questions, à l’instar du renversement de perspective opéré par Marc Augé d’une ethnoanalyse à une autoanalyse qui lui a permis de passer de l’éthnologie des villages africains à l’anthropologie des mondes contemporains, je mettrai en perspective les concepts de l’ethnoscénologie (l’ethnoscénologie étudie les pratiques et les comportements humains spectaculaires organisés), dans une approche introspective de ma pratique de concepteur et metteur en scène (en sens) pour une étude anthropologique du geste d’art (au plus près du créateur).
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Against the backdrop of a musicology of the movement of the early music which proceeds to study musical artifacts a posteriori (disc, film, concert, performance) or discursive realizations (written or through the media), this thesis seeks to interrogate in situ a modern form of practice for medieval music, leaning on the creation of the cycle Dante Troubadour by the ensemble La Camera Delle Lacrime produced over the course of three seasons 2017 through 2020 - for which I assume the functions of playwright and scenographer as well as the artistic co-direction with singer Bruno Bonhoure.
What do we hear when we listen to medieval music? What do we see when we go to a « medieval music » concert? Since its founding in 2005, the musical ensemble La Camera Delle Lacrime has been dedicated to the creation of dramatic practices organized around medieval heritage sources, mainly from the twelfth and thirteenth centuries, without aiming at historicizing but rather by considering the gap between the medieval source and its audiovisual manifestation during the produced show. My work in design, playwriting, and scenography revolves around the re-definition of the spectacular event for the « medieval music » concert of the twelfth and thirteenth centuries as an incarnated manifestation stemming from a complex transformative operation of a trace of the past, in lieu of being a representation of the image of this trace. If we accept this hypothesis, it opens a new field of musicological studies by engaging a reflection on the historical and ontological trajectory of such artifacts. What then can be the meaning and purpose of such objects? What then are the true stakes for the « medieval music » concerts of the twelfth and thirteenth centuries? What kind of performativity can we expect from these events?
To answer these questions, following the example of Marc Augé‘s perspective reversal from an ethnoanalysis to a self-analysis which allowed him to shift from the ethnology of African villages to the anthropology of contemporary worlds, I will put into perspective the concepts of ethnoscenology (ethnoscenology studies organized spectacular human practices and behaviors), using an introspective approach to my practice as a designer and stage director (and « meaning » director) for an anthropological study of the art gesture (to the nearest of the creative source).