Intervention de Boris James, MCF à l'Université Paul Valéry dans le cadre du séminaire thématique de l'équipe
Les yézidis constituent aujourd’hui un groupe ethno-confessionnel de plusieurs centaines de milliers d’individus majoritairement kurdophone résidant entre le Caucase (Géorgie, Arménie) et les Kurdistan d’Irak, Syrie et Turquie. Leur doctrine et leur organisation sociale semblent en partie émerger du cadre d’une confrérie musulmane fondée au XIIesiècle. Les persécutions endurées par cette communauté entre le XVIIIe et le XXIe siècle de même que l’originalité de ses pratiques rituelles ont eu tendance à reléguer au second plan cette « origine » confrérique. De nos jours, les autorités yézidies, les intellectuels kurdes et leurs relais en Europe et en Amérique du Nord mettent en avant le substrat zoroastrien voire mithraïque des contenus cultuels yézidis pour leur construire une origine. Or, les sources de l’histoire médiévale ne permettent en aucun cas d’en attester en dépit des accusations d’hérésie contre la confrérie qui se font jour à cette époque (XIIe – XVIe siècle) en contexte islamique. Nous nous pencherons sur les éléments probants produits dans les historiographies arabes et persanes montrant à la fois l’ancrage de la confrérie des premiers temps dans la mouvance d’un islam sunnite lié au pouvoir mamelouk et sa dérive hétérodoxe.