Drôles de moines

Le Jeudi, 28. octobre 2021 -
15:30 - 17:30
Salle 165 à l’Université Paul Valéry - Site Saint-Charles
Les moines à la cour de l’empereur et dans les chroniques : topos littéraire ou démarche politique ?
État des lieux des sources historiographiques byzantines (IXe-XIIe siècles)

 

L’idée de départ de ce séminaire commun est née des sources byzantines, dans lesquelles les moines apparaissent comme des personnages de premier plan de la grande histoire de leur temps. Les divers types de sources disponibles, Vies de saint, chroniques, histoires et documents impériaux, indiquent toutes que les moines sont des personnages très actifs au sein de la société byzantine à la fois en tant que groupe – le tagma monastique –, et en tant que particuliers ; nous avons ainsi, à partir du IXe siècle surtout, de nombreuses figures de moines, hautes en couleurs, qui semblent partout, au palais, sur les champs de bataille, parmi les familiers du souverain, souvent ambassadeurs, espions parfois, conseillers spirituels et confesseurs des puissants de leur temps, tour à tour présentés comme des prophètes ou comme des intrigants, comme des saints ou comme des magiciens. Ce sont ces « moines de cour », ces familiers de l’empereur, qui font l’objet de ma première communication, car ils me permettent de soulever un problème qui sera récurrent dans notre réflexion commune, le problème de l’intention de l’auteur, problème à la fois littéraire et politique.

J’ai décidé d’exclure de ma réflexion les sources hagiographiques, car les partis-pris des auteurs dans Vies de saints me semblaient trop visibles ; il va de soi qu’ils cherchent à augmenter la renommée de leur héros en leur attribuant des relations étroites avec l’empereur et l’entourage impérial.

La démarche des auteurs des chroniques et histoires est plus difficile à saisir ; ce sont le plus souvent des contemporains, voir des partisans ou des opposants des empereurs dont ils dressent le portrait, et leurs récits soulèvent plusieurs questions : la forte présence des moines dans ces textes est-elle un effet de la présence réelle de ces moines à la cour ? L’influence et l’ascendant que leur attribuent les auteurs, sur les décisions impériales et sur la vie personnelle des souverains, sont-ils fondés ? Ou bien ces récits participent-ils d’une démarche politique et d’une « représentation rhétorique de la légitimité du pouvoir » ?

Communication : Rosa Benoit-Meggenis

Dernière mise à jour : 14/10/2021